Alain Bruel
Ma carrière aéronautique !
Voilà un titre surprenant quand on regarde la liste de mes affectations dans la Marine Nationale. Et pourtant !
Mon père était médecin de Marine (il a terminé comme Médecin général) et mon grand-père paternel, mon parrain, avait été arpète mécanicien à Saint-Mandrier et avait terminé sa carrière comme Officier Mécanicien en Chef de deuxième classe.
En classe de première au lycée de Toulon, je n'avais pas encore réfléchi à ce que j'allais faire plus tard, mais un Officier de l'Armée de l'air est venu nous faire un baratin qui se résumait en gros par l'expression "la chasse bordel". Le soir même j'ai dit à mes parents que je serais pilote de chasse. On imagine l'enthousiasme de ma mère !
Le lendemain mon père, qui était très fana Marine, m'a susurré qu'atterrir avec un avion de l'Armée de l'air était ridiculement facile, alors qu'apponter sur un Porte-avions était autrement intéressant. Ceci m'a paru indiscutable et mon objectif futur fut donc fixé.
En 1960, mon père désigné comme Médecin-Chef de l'hôpital de Cherbourg, me déposa en passant au Prytanée militaire où je passais deux ans d'étude, dont j'ai gardé un excellent souvenir. C'est même là, à La Flèche, sur le Loir, que j'ai appris l'art de la bouline ! J'y ai rencontré de nombreux futurs camarades de promotion puisque nous étions trente "ñiass Bahut" pour intégrer la Baille (Pont et Ing.mec.) en 1962.
Je me suis inscrit bien sûr sur la liste des élèves voulant prendre des leçons de pilotage sur Stampe. Mais mes activités sportives prioritaires de l'équipe de rugby et les nombreux QGO dus à une météo rarement clémente ne m'ont pas permis de dépasser la cinquième leçon, ce qui prouve sans doute que mon envie d'être pilote n'était pas si forte !
Sur la Jeanne d'Arc j'ai été déclaré inapte Chasse et Navigateur-aérien, parce que la Marine m'avait cassé les oreilles avec le tir au fusil lance-grenades. Ma carrière de pilote était déjà terminée. Après ma première affectation sur le croiseur anti-aérien Colbert (ou j'étais Directeur de pont d'envol pour les hélicos), j'ai demandé la spécialité de missilier-canonnier, sans doute une vengeance contre les avions qui n'avaient pas voulu de moi.
Arrivé corvettard, la DPM me demanda, à ma grande surprise, n'étant pas sous-marinier, si je voulais embarquer comme CGO de SNLE. C'était ça ou une affectation à Paris. A la fin de mes deux mois d'études sur les centrales inertielles, j'étais désigné comme CGO du Tonnant. Je revois encore la scène dans le carré de la Bofost : Le Médecin-major annonce au Commandant Merveilleux du Vignaux, que j'étais inapte sous-marin pour la même raison qui m'avait valu l'inaptitude aérienne ! Le commandant lui a répondu : "Moi, je vous dis que Bruel est apte". Il n'avait pas tort car je n'étais pas désigné comme "oreille d'or".
J'ai donc effectué 5 patrouilles sur le Tonnant équipage bleu, avec comme Commandant en Second, pendant la première patrouille mon camarade du poste 12 de la Jeanne, Arnaud d'Escrivan, pendant les quatre autres avec un autre copain de promo, Lionel le Gal de Kerangal. Il n'y a pas de doute je n'étais pas destiné à briller dans les airs !
Ma seule activité aérienne fut effectuée en fin de carrière, à 50 ans : cette figure aérienne s'appelait la "double culbute" ! Elle m'a permis de regagner le secteur civil comme retraité dans ma propriété ollioulaise de Châteauvallon, d'où j'aperçois la rade de Toulon et la mer Méditerranée derrière l'isthme des Sablettes. Mes trois fils étant pratiquement casés, je ne fus pas tenté de prendre une fonction dans la vie civile.
Et là, j'ai pu me livrer à ma véritable vocation qui était de cultiver mon jardin et de devenir apiculteur. C'est là que je suis devenu Chef d'État-major d'escadrilles d'abeilles de 1992 à 2009. J'avais avec mes trois ruches, avec environ cent mille abeilles par ruches, plus d'unités combattantes que toutes les forces armées des Etats-Unis. Certains camarades de promo ont goûté mon miel, le miel des Cayons (nom d'une variété d'oliviers et de ma villa) qui était en toute modestie le meilleur du monde ! Ma deuxième retraite, celle d'apiculteur, ne m'a pas rapporté un sou !
Par ailleurs j'ai étudié la botanique varoise et j'ai élaboré une histoire du monde (depuis le big-bang jusqu'à nos jours), que je suis en train de terminer.
Fait le 25 juillet 2011, à Ollioules,
CV (H) Bruel Alain