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section Arino

Arino Henri

La Punaruu au secours de l'Orage.. Diantre !

Navigant sur le net un jour de mai 2008, je trouve sur un blog consacré à l'Orage l'anecdote rapportée par une ancien de la Punaruu ci-après:

"J'étais sur le pétrolier PUNARUU lorsque l'ORAGE s'est échoué à TEMATANGI (1974). Nous revenions de MURUROA ou de HAO ? Le pacha du pétrolier était le Lieutenant de vaisseau Henri Arino. Il voulait à tout prix aider à sortir l'ORAGE de son échouage avec notre bateau qui arrivait tout juste à 12 noeuds à vide...Les autorités lui ont conseillé gentiment mais fermement de continuer sa route...

SIGNE Alain"

Faute de pouvoir retrouver le rédacteur, je communique au directeur du blog mon souhait de compléter cette anecdote pour en corriger la teneur et demande de communiquer mes coordonnées au dénommé "Alain" afin d'évoquer ensemble cette belle époque… et pour lui dire aussi combien je devais être un mauvais communicateur pour seulement 22 personnes à bord, vu la réalité des faits.

Que c'était-t-il donc passé il y a 37 ans « avant, pendant et après » l'échouement de l'Orage à Tematangui en 1974 et quels avaient été les secours dépêchés sur place :

Commandant du pétrolier Punaruu de juillet 1973 à janvier 1975, nous avons passé un jour sur deux en mer pour aller ravitailler, à partir de Papeete, Hao et Mururoa, en eau, carburants et combustibles. En 1974, durant un transit de Mururoa vers Papeete, nous avions croisé l'"Orage" la nuit et ancien officier de ce TCD (de 1969 à 1971) j'étais monté à la passerelle pour le saluer sur la VHF et avais conversé avec mon successeur alors de quart. Vers midi, un message chiffré du COMSUP m'intima l'ordre de rallier l'"Orage" à Tematangui, sans autre précision! Intrigué sur la raison de ce déroutement, j'osais appeler le centre opérations du COMSUP en HF, sachant ce moyen de communication peu discret en regard de l'ordre reçu, et que ce serait mal vu.

L'adjoint Terre du COMSUP qui assurait l'intérim de l'amiral alors en Métropole et se trouvait au COM me refusa sèchement toute précision ! Puis quelques minutes après, le directeur de DCN Papeete, demanda à l'Orage, sur cette même fréquence, quel était son tirant d'eau au moment de l'échouage !

J'étais donc fixé! En route donc vers Tematangui à 10 noeuds, nous nous interrogions avec mon second, Christian Ract-Madoux, sur le type du concours qu'un pétrolier de 3500 tonnes pourrait rendre dans cette configuration! Nous imaginions bien sûr pouvoir contribuer à alléger le TCD par transfert de son combustible vers nos soutes, mais il fallait pour cela des remorqueurs pour stabiliser le pétrolier, et, les conditions météorologiques n'étaient guère favorables.

Lorsque la Punaruu arriva à la tombée de la nuit, une gabare de Mururoa commandée par Louis Weil (ancien de l'Orage, comme moi en 1970/71) était déjà sur place. Nous étions bien tristes, mais avons aussitôt échangé sur un canal VHF particulier, pour examiner si, en tant qu'anciens du TCD, nous pouvions formuler des conseils pour cette opération. Louis savait qu'il pourrait contribuer au déséchouement et l'impuissance du pétrolier pour une telle opération me navrait car l'Orage était toujours un peu mon bateau. Puis un autre remorqueur de Mururoa arriva.

Dans l'après-midi qui suivit, je reçu, à ma demande, l'ordre de rallier Papeete. La veille HF nous permit de suivre de loin les deux tentatives nécessaires au déséchouement du TCD qui avait dû à la deuxième mettre à l'eau ses ponts mobiles et vider de nombreuses soutes pour s'alléger rondement. Bravo au RHM et à la gabare pour leur efficacité. La Punaruu dût par la suite seulement contribuer au dégazage des soutes de l'Orage à Papeete, en allant vider au large les eaux de lessivage……sans doute peu envisageable désormais !

Cet évènement n'est pas un bon souvenir et on pourrait estimer que le déroutement de la Punaruu a été inutile et peu réfléchi. Je ne le pense pas car au moment où l'ordre a été donné le commandant opérationnel parait au plus pressé ! Et puis, ne vaut-il pas mieux envoyer trop de moyens de secours que pas assez! Mon engagement bénévole au sein de la société nationale de sauvetage en mer m'a permis de constater chaque jour la pertinence d'un tel comportement, en particulier lorsqu'il s'agit de la sauvegarde de la vie humaine en mer. Bien cordialement et avec mon meilleur souvenir à Alain.