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Navale 62-64 Jeanne 64-65

PROMO 62

Livre d'or
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section Rouot

Jean-Paul Rouot

Deux anecdotes vécues
pendant mon affectation au CAEPE

Du 12 novembre 1969 au 31 décembre 1972, j’étais chef des services techniques du CAEPE (Centre d’Achèvement et d’Essais des Propulseurs et Engins), établissement aquitain de la Direction Technique des Engins, à l’époque toute nouvelle direction (créée en 1965) de la DMA. Ma fonction revêtait deux rôles : un rôle étatique de surveillance des activités industrielles d’assemblages des propulseurs et étages propulsifs de missiles balistiques (effectuées par la SEP et la SNIAS en zones A et B du centre) et un rôle opérationnel avec la responsabilité des essais des propulseurs à poudre sur les bancs d’essai de la zone C. De mon séjour d’un peu plus de trois ans au CAEPE, je conserve le souvenir de deux anecdotes liées à la Marine.

LE GYMNOTE ET LES COURANTS DE L’ESTUAIRE DE LA GIRONDE

Au début des années 1970, nous étions en plein développement des missiles MSBS, et en particulier du missile M2. Le Gymnote venait régulièrement à l’appontement de Pauillac, sur la rive gauche de la Gironde, à moins de cinquante kilomètres du CAEPE, pour embarquer un missile et effectuer ensuite un lancement en immersion. L’opération d’embarquement durait quelques heures et le sous-marin ne restait à l’appontement que le temps strictement nécessaire.

Un jour, mon directeur et moi avions invité le commandant du Gymnote, dont j’ai malheureusement oublié le nom, à venir faire une rapide visite du CAEPE pendant les opérations d’embarquement. Le pacha avait accepté et avait laissé la responsabilité de l’opération à son second. Vers la fin de la visite, alors que le commandant s’apprêtait à prendre congé et à regagner Pauillac, ma secrétaire m’apporte un message. Le second venait d’appeler pour dire que le niveau du vent et des courants avait brusquement augmenté, qu’il ne pouvait plus maintenir le bâtiment à l’appontement et qu’en conséquence il allait appareiller sans attendre le retour du pacha !

Si je me souviens bien, le commandant n’a retrouvé son bord que le lendemain à La Rochelle !

COMMENT LES CORPS DE L’ARMEMENT PERTURBENT
LES TRADITIONS DE LA MARINE

Lors d’une escale dans le port de Bordeaux d’un bâtiment de la Marine (je crois que c’était un escorteur rapide), j’avais invité une partie de l’état-major à venir visiter le CAEPE. J’avais reçu ces officiers, venus sans leur commandant qui avait d’autres obligations, en compagnie d’un de mes adjoints, membre du corps des ingénieurs d’études et techniques de l’armement (IETA). A la fin de la visite, mon adjoint et moi fûmes invités à venir déjeuner à bord le lendemain.

Nous avions reçu nos visiteurs en tenue civile, qui était notre tenue habituelle de travail, et les marins avaient bien noté que j’étais le chef. Mais, pour aller déjeuner à bord d’un bâtiment de la Royale, il était logique que nous nous mettions en uniforme. Or j’étais Ingénieur de l’Armement de 1ère classe, donc avec trois galons, alors que mon adjoint, nettement plus âgé que moi, était déjà Ingénieur Principal (IPETA), donc avec 4 galons !

Quand nos hôtes nous ont accueillis en haut de la coupée, j’ai très nettement ressenti qu’il y avait un certain flottement à la découverte de nos grades !

L’apéritif m’a, ensuite, paru anormalement long : j’ai su, à la fin du repas, qu’il avait fallu attendre le feu vert du pacha (qui, manifestement, avait été difficile à joindre) pour que j’obtienne la dérogation de pouvoir déjeuner au mess des officiers supérieurs !

Comme quoi les traditions de la Marine étaient bien ancrées dans les têtes, du moins à l’époque !