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Navale 62-64 Jeanne 64-65

PROMO 62

Album Jeanne

La Jeanne d'Arc, bateau école et
ambassadeur itinérant, tire sa révérence


AFP | 20.05.2010 | 06h21

« Neuf fois le trajet de la terre à la lune »: c'est la distance que le navire emblématique de la marine de guerre française, le Jeanne d'Arc, qui sera mis à la retraite cet été, aura parcouru sur toutes les mers en 46 ans d'existence. Mais, plus que le 1,7 million de milles nautiques parcourus, le bilan le plus éloquent de la carrière de ce « croiseur porte-hélicoptères » de 182 mètres et 13.000 tonnes, ce sont les 6.400 « officiers-élèves » de multiples nationalités qui auront parfait leur formation à son bord depuis 1964. Atteinte par la limite d'âge, « la Jeanne » aura jusqu'au bout fait honneur à sa réputation d'ambassadeur itinérant, en permanente représentation d'une certaine image de la France et de sa marine, avec ses cocktails, ses bals de « pompons rouges » très courus, ses expositions et ses conférences. Depuis son départ le 2 décembre de Brest pour sa 45e et ultime campagne, le navire a fait escale dans 15 ports, de Casablanca à Hambourg, en passant par Rio, le canal de Panama et Québec, avant de mouiller dans la base navale belge de Zeebruges. En faisant de la Belgique le 84e et dernier pays visité, un oubli fâcheux pour la diplomatie navale française est d'ailleurs réparé. Car en quelques décennies, quelque 80 officiers de marine belges ont été formés au sein du « Groupe école d'application des officiers de marine » embarqué sur la Jeanne. Naviguant comme d'habitude avec une autre unité, la frégate Courbet cette année, le bateau-école a participé la semaine dernière en mer du Nord à un exercice inédit. Il était destiné à familiariser les « cadets'' de quatre pays de l'Union européenne (Allemagne, Belgique, France et Portugal) à la conduite de manoeuvres navales, et surtout à les habituer à travailler ensemble. « L'évènement sera dorénavant organisé chaque année en juillet », se félicite le capitaine de vaisseau Patrick Augier, qui commande la Jeanne. Arrivée mardi dans le port flamand avec un équipage de 630 marins, dont 103 élèves, parmi lesquels 12 étrangers et 13 femmes, l'unité la plus célèbre de la « Royale » appareillait ce jeudi pour la France. Vendredi, elle remontera la Seine, avec le ministre de la Défense Hervé Morin à son bord, jusqu'à Rouen, où s'acheva tragiquement la trajectoire de Jeanne d'Arc et qui est l'une des villes marraines du bateau. Le blason de la cité normande orne d'ailleurs la tourelle d'un de ses deux canons de 100mm. La Jeanne ralliera le 27 mai le port de commerce de Brest, où le public pourra lui rendre visite. Quatre jours de festivités, avec feu d'artifice, sont organisés pour marquer ses adieux. Elle regagnera ensuite le port de guerre le 31 mai, pour y être désarmée. « Notre émotion est certaine. Mais nous avons conscience que l'histoire continue », confie le commissaire de bord, le capitaine de frégate Xavier Prache. Nostalgie ou pas, la Jeanne montrait des signes évidents de sénescence, que compensait, heureusement pour l'image de la marine nationale, la frégate moderne qui l'escortait. Son sonar ne fonctionnait plus, les six tubes de lance missiles mer-mer n'étaient pas approvisionnés. Bourrée d'amiante, comme toutes les unités de cette époque, sa réfection en vue d'une revente à un autre pays est exclue. Quant à sa mission pédagogique, deux successeurs lui ont été facilement trouvés: le Mistral et le Tonnerre, entrés en service en 2006 et 2007, embarqueront alternativement les futures promotions d'officiers. Comme la Jeanne, ces bâtiments sont des porte-hélicoptères, également susceptibles de transporter des hôpitaux de campagne pour des opérations humanitaires.